VERS. 1: «Quand il ouvrit le septième sceau, il y eut dans le ciel un silence denviron une demi-heure».
Le premier verset de ce chapitre est en relation avec les événements mentionnés dans les chapitres antérieurs, et il ne devrait donc pas être séparé deux par la division du chapitre. Ici, la série des sept sceaux recommence et se termine. Le sixième chapitre de lApocalypse prend fin avec lexposition des événements du sixième sceau, et le huitième chapitre commence avec louverture du septième sceau. Le septième chapitre représente donc une parenthèse entre le sixième et le septième sceau, et il est évident que le scellement dApocalypse sept appartient au sixième sceau.
Le silence dans le ciel.--Le sixième sceau ne nous amène pas jusquà la seconde venue de Christ, bien quil embrasse des événements étroitement liés à cette venue. Il présente les épouvantables commotions des éléments, où le ciel se retire comme un livre quon roule, la surface de la terre se fend, et les impies confessent que le grand jour de la colère de Dieu est arrivé. Ils se trouvent dans lexpectative de voir le Roi apparaître en gloire. Mais le sceau narrive pas jusquà cet événement. Lapparition personnelle de Christ doit donc arriver durant le sceau suivant.
Quand le Seigneur apparaît, il vient avec tous les saints anges (Matthieu 25:31). Quand tous les joueurs de harpes célestes abandonnent les cours de Dieu pour venir sur cette terre avec leur divin Seigneur tandis quil descend chercher les fruits de son oeuvre rédemptrice, ny aura-t-il pas le silence dans le ciel? Cette période de silence, si nous la considérons comme un temps prophétique, dure environ sept jours.
VERS. 2: «Et je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu, et sept trompettes leur furent données.»
Ce verset présente une série nouvelle et distincte dévénements. Avec les sceaux, nous avons lhistoire de lÉglise durant ce que nous appelons lère chrétienne. Avec les sept trompettes que nous abordons maintenant nous avons les principaux événements politiques et belliqueux qui se produisent pendant le même temps.
VERS. 3-5: «3 Et un autre ange vint, et il se tint sur lautel, ayant un encensoir dor; on lui donna beaucoup de parfums, afin quil les offrît, avec les prières de tous les saints, sur lautel dor qui est devant le trône. 4 La fumée des parfums monta, avec les prières des saints, de la main de lange devant Dieu. 5 Et lange prit lencensoir, le remplit du feu de lautel, et le jeta sur la terre. Et il y eut des voix, des tonnerres, des éclairs, et un tremblement de terre.»
Après avoir présenté les sept anges de la scène du verset 2, Jean attire, pour un moment, notre attention sur une séquence totalement différente. Lange qui sapproche de lautel nest pas un des sept qui reçoivent les trompettes. Lautel est celui des parfums, qui dans le sanctuaire terrestre se trouvait dans le premier appartement. Nous trouvons donc, ici, une autre preuve de lexistence dun sanctuaire dans le ciel, avec ses ustensiles pour le service. Il était loriginal duquel le terrestre était une image; et les visions de Jean nous conduisent à lintérieur de ce sanctuaire céleste. A lintérieur, nous voyons la réalisation dune oeuvre en faveur de tous les saints. On nous présente ici, sans aucun doute, toute loeuvre de médiation qui est accomplie en faveur du peuple de Dieu pendant lère évangélique. Ceci ressort par le fait que lange offre de lencens avec les prières de tous les saints. Le fait que lange remplit son encensoir de feu et le jette sur la terre met en évidence que cette vision nous conduit à la fin du temps, et par cet acte, il indique que son oeuvre est terminée. Déjà, des prières mêlées dencens ne doivent plus être offertes. Cet acte symbolique ne peut sappliquer quau moment où le ministère de Christ dans le sanctuaire en faveur de lhumanité prend fin pour toujours. Après cet acte de lange, il y a des voix, des tonnerres, des éclairs, et des tremblements de terre; selon ce qui nous est dit ailleurs, cest exactement ce qui doit arriver à la fin du temps de grâce de lhumanité (Voir Apocalypse 11:19; 16:17,18).
Mais pourquoi ces versets sont-ils insérés ici? Ils constituent un message despérance et de consolation pour lEglise. Les sept anges avec leurs trompettes belliqueuses ont été présentés; des scènes terribles vont se produire lorsquils sonneront de la trompette; mais avant de commencer à sonner, loeuvre de médiation qui est accomplie dans le ciel en faveur du peuple de Dieu, lui est montrée, et il est invité à contempler ce qui sera la source de sa force et son aide pendant cette période. Bien quil sera jeté dans les vagues tumultueuses de la guerre et des altercations, il doit se souvenir que son grand Souverain Sacrificateur continue à officier pour lui dans le sanctuaire céleste. Il pourra diriger ses prières vers ce lieu sacré avec la sécurité quelles seront offertes avec lencens à leur Père céleste. Il pourra ainsi obtenir la force et le soutien durant toute la persécution.
VERS. 6: «Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.»
Les sept trompettes.--Reprenons en considération les sept trompettes, qui occuperont le reste de ce chapitre et tout le chapitre neuf. Le symbole des trompettes sonnées par les sept anges complète ce quannonçait la prophétie de Daniel 2 et 7 après la division du vieil empire romain en dix royaumes. Dans les quatre premières trompettes, nous avons une description des événements spéciaux qui signalèrent la chute de Rome.
VERS. 7: «Et il y eu de la grêle et du feu mêlés de sang, qui furent jetés sur la terre; et le tiers de la terre fut brûlé, et le tiers des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut brûlée.»
Alexander Keith a remarqué avec justesse ce qui suit:
«Personne ne pouvait mieux éclaircir les textes, ou les exposer plus complètement, que lhistorien Gibbon ne la fait dans ce travail. Les chapitres du philosophe sceptique qui traitent directement du sujet, ont seulement besoin quon les pr©cède dun texte et quon efface quelques paroles profanes, pour former une série dexposition des chapitres 8 et 9 de lApocalypse de Jésus-Christ.» «Il ne reste que peu, ou rien à faire, à celui qui prétend les interpréter, si ce nest de signaler les pages de Gibbon.»
Le premier châtiment grave qui tomba sur la Rome Occidentale dans son déclin, fut la guerre avec les Goths commandés par Alaric, qui prépara le chemin à dautres incursions. La mort de lempereur romain Théodose eut lieu en Janvier 395, et avant la fin de lhiver, les Goths dirigés par Alaric, guerroyaient contre lempire.
La première invasion que conduisit Alaric dévasta lempire oriental. Il prit les villes fameuses et réduisit beaucoup de leurs habitants à lesclavage. Il conquit les régions de la Thrace, de la Macédoine, lAttique et le Péloponnèse, mais il narriva pas jusquà la ville de Rome. Plus tard, le chef Goth traversa les Alpes et les Apennins et se présenta devant les murs de la Ville Éternelle, qui fut prise par les barbares en 410.
«La grêle et du feu mêlés de sang» furent jetés sur la terre. Les terribles effets de linvasion des Goths nous sont présentés sous ceux de «la grêle», vue lorigine septentrionale des envahisseurs; sous ceux «du feu» à cause de la destruction des villes et des champs par les flammes; et sous ceux du «sang» à cause des terribles tueries des habitants de lempire que ces guerriers intrépides et audacieux commirent.
La première trompette.--Le coup de la première trompette se situe vers la fin du quatrième siècle et suivant, et concerne les invasions dévastatrices que les Goths firent subir à lempire romain.
Après sêtre bien étendu sur loeuvre dEdward Gibbon, «History of the Decline of the Roman Empire» (Histoire de la décadence et de la chute de lEmpire Romain), chapitres 30 à 33, relatifs aux conquêtes des Goths, Alexander Keith présente un résumé admirable des paroles de lhistorien qui souligne laccomplissement de la prophétie:
«Les larges extraits démontrent clairement comment Gibbon exposa bien et amplement ce passage de lhistoire de la première trompette, la première tempête qui sabattit sur la terre romaine, et la première chute de Rome. Utilisant ses mots comme un commentaire plus direct, nous lisons ainsi la totalité du sujet: La nation des Goths était en armes quand on entendit le premier son de la trompette, et malgré linhabituelle sévérité de lhiver, ils firent rouler leurs pesants chariots dans le lit large et gelé du fleuve. Les champs fertiles de Phocide et de Béotie furent couverts par un déluge de barbares; les hommes furent massacrés, les femmes et le bétail des villages en flammes furent chassés. Les marques profondes et sanglantes des Goths pouvaient facilement se discerner plusieurs années après. Tout le territoire de lAttique fut dévasté par la funeste présence dAlaric. Les plus chanceux des habitants de Corinthe, dArgos et de Sparte échappèrent à la mort mais ils contemplèrent la destruction de leurs villes. Durant cette saison de grande chaleur où le lit des fleuves sasséchèrent, Alaric envahit les territoires dOccident. Le «vieillard solitaire de Vérone» (le poète Claudien) se lamenta pathétiquement sur le sort des arbres de son époque, qui brûlèrent dans la conflagration de tout le pays [notez les paroles de la prophétie: Le tiers des arbres fut brûlé]; et lempereur des Romains prit la fuite devant le roi des Goths.
«Une furieuse tempête se leva parmi les nations de Germanie; depuis lextrême nord, les barbares marchèrent presque jusquaux portes de Rome. Ils réussirent à détruire lOccident. Le nuage sombre qui sétait formé tout au long des côtes de la Baltique, éclata accompagné de coups de tonnerre, sur les rives du Haut Danube. Les prairies de la Gaule, où paissaient les troupeaux, et les rives du Rhin couvertes délégantes maisons et de propriétés bien cultivées, formaient un panorama de paix et dabondance, qui se transforma soudainement en un désert, qui se distinguait de la solitude de la nature uniquement par les ruines fumantes. Beaucoup de villes furent cruellement opprimées ou détruites. Plusieurs milliers furent mis à mort de façon inhumaine. Les flammes consumantes de la guerre sétendirent sur la plus grande partie des dix-sept provinces de la Gaule.
«Ensuite, Alaric étendit ses ravages à lItalie. Durant quatre ans, les Goths pillèrent et régnèrent sans contrôle. Et pendant le sac et lincendie de Rome, les rues de la ville se remplirent de cadavres; les flammes consumèrent beaucoup dédifices publics et particuliers; et les ruines dun palais subsistèrent encore un siècle et demi plus tard comme monument grandiose de la guerre des Goths.»
Après ce résumé, Keith complète le tableau en disant:
«La phase finale du chapitre 33 de lhistoire de Gibbon est en elle même un commentaire clair et compréhensif; parce quen concluant sa propre description de cette période brève mais riche en événements, il concentre, comme des déclarations parallèles, la totalité de lhistoire et la substance de la prédiction. Mais les mots qui précèdent ces déclarations ne manquent pas de signification: La dévotion publique de cette époque était impatiente dexalter les saints et les martyres de léglise catholique, sur les autels de Diane et dHercule. Lunion de lempire romain fut dissoute; son génie humilié dans la poussière; et des armées de barbares inconnus, sortirent des régions glacées du Nord, établirent leur règne victorieux sur les provinces les plus belles dEurope et dAfrique.
«Le dernier mot, Afrique, est le signal pour la sonnerie de la deuxième trompette de sonner. La scène se transporte des rives de la Baltique à la côte méridionale de la Méditerranée, ou des régions glacées du nord aux plages brûlantes dAfrique. Et au lieu dune tempête de grêle qui sabat sur la terre, une «montagne embrasée par le feu fut jetée dans la mer.»
VERS. 8, 9: «8 Le second ange sonna de la trompette. Et quelque chose comme une grande montagne embrasée par le feu fut jeté dans la mer; et le tiers de la mer devint du sang, 9 et le tiers des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient vie mourut, et le tiers des navires périt.»
La seconde trompette.--Lempire romain, après Constantin le Grand, se divisa en trois parties. Doù la mention fréquente du «tiers des hommes», allusion à la troisième partie de lempire qui souffre du fléau. Cette division de lempire Romain se fit à la mort de Constantin le Grand, par ses trois fils: Constance, Constantin II et Constant. Constance eut lOrient et fixa sa résidence à Constantinople, la métropole de lempire. Constantin II obtint la Grande Bretagne, la Gaule et lEspagne. Constant régna sur l'Illyrie, lAfrique et lItalie.
Le son de la seconde trompette se réfère évidemment à linvasion et à la conquête de lAfrique, et plus tard de lItalie, par Genséric, roi des Vandales. Ses conquêtes furent surtout navales, et ses triomphent furent «comme une grande montagne embrasée par le feu,... jetée dans la mer.» Quelle image pouvait mieux illustrer laffrontement des flottes ou la destruction générale causée par la guerre sur les côtes maritimes? Pour expliquer cette trompette, nous avons besoin de chercher des événements qui eurent une influence sur le monde commercial. Le symbole utilisé ici nous pousse naturellement à chercher une agitation ou un bouleversement. Rien qui ne soit pas une féroce guerre navale ne peut accomplir la prédiction. Si le son des quatre premières trompettes se réfère à quatre événements remarquables qui contribuèrent à la chute de lempire romain, et si la première trompette prédit les désastres commis par les Goths sous Alaric, dans létude de la seconde trompette, nous chercherons naturellement linvasion suivante qui secoua le pouvoir romain et prépara sa chute. La grande invasion suivante fut celle de Genséric, à la tête des Vandales. Sa course arriva à son apogée entre les années 428-468. Ce grand chef vandale établit son quartier général en Afrique. Mais comme dit Gibbon, «la découverte et la conquête des nations noires [en Afrique] qui pouvaient vivre dans la zone torride, ne tenta pas lambition rationnelle de Genséric;aussi dirigea-t-il ses regards vers la mer; il résolut de créer une force navale, et exécuta sa décision audacieuse avec une persévérance active et constante.» Depuis le port de Carthage, il sortit à plusieurs reprises, comme pirate, pour enlever des proies au commerce romain et faire la guerre à lempire. Pour faire face à ce monarque de la mer, lempereur Majorien, fit dintenses préparatifs navals.
«Les forêts des Apennins furent taillées; les arsenaux furent rétablis et les fabriques de Ravenne et Misènerestaurées ; lItalie et la Gaule rivalisèrent pour faire de généreuses contributions au service public; et la marine impériale de trois cents grandes galères, avec une proportion adéquate de transports et de navires plus petits, se réunit dans le port sûr et spacieux de Carthagène en Espagne... Mais Genséric se sauva de la ruine imminente et inévitable par la trahison de quelques-uns des sujets puissants, qui lenviaient ou qui craignaient le succès de leur seigneur. Guidé par leurs renseignements secrets, il surprit la flotte sans surveillance dans la baie de Carthagène; de nombreux bateaux furent coulés, capturés ou brûlés; et les préparatifs de trois années furent anéantis en un seul jour...
«Le royaume dItalie, nom auquel avait été graduellement réduit lempire dOccident fut affligé pendant le gouvernement de Ricimer, par les déprédations incessantes des pirates vandales. Au printemps de chaque année, ils équipaient une flotte formidable dans le port de Carthage; et Genséric, bien que déjà vieux, commandait toujours en personne les expéditions les plus importantes...
«Les Vandales visitèrent plusieurs fois les côtes dEspagne, de Ligurie, de Toscane, de Campanie, de Lucanie, Bruttium, Apulie, Calabre, Vénétie, Dalmatie, Épire, Grèce et Sicile...
«La célérité de leurs mouvements, leur permettait de menacer et d'attaquer les objectifs les plus éloignés qui attiraient leurs désirs; et comme ils embarquaient toujours un nombre suffisant de chevaux, ils pouvaient parcourir, à peine débarqués, la région atterrée avec un corps de cavalerie légère.»
Une dernière tentative désespérée de dépouiller Genséric de la souveraineté de la mer fut faite en 468 par Léon I, empereur dOrient. Gibbon latteste ainsi:
«Le coût total de la campagne africaine, quels que soient les moyens de la financer, atteignit la somme de 130 000 livres dor, quelques 5 200 000 livres sterling... La flotte qui sortit de Constantinople pour Carthage comptait 1 113 bateaux, et le nombre de soldats et de marins excédait les 100 000 hommes... Larmée dHéraclius et la flotte de Marcellinus sunirent ou secondèrent le lieutenant impérial... Le vent favorisa les desseins de Genséric. Il fit manoeuvrer ses plus grands navires de guerre par les Maures et les Vandales les plus vaillants, et ils remorquèrent à leur suite beaucoup de petites embarcations pleines de matériaux combustibles. Dans lobscurité de la nuit, ces navires destructeurs furent poussés contre la flotte romaine, qui nétait pas sur ses gardes et qui ne soupçonnait rien, mais ils comprirent tout de suite le danger. Leur disposition fermée et encombrée facilita la progression du feu, qui se communiqua avec une violence rapide et irrésistible; et le bruit du vent, le crépitement des flammes, les cris discordants des soldats et des marins, qui ne pouvaient ni donner des ordres ni obéir, augmentaient lhorreur du tumulte nocturne. Tandis quils travaillaient à sextirper des brûlots et sauver au moins une partie de la flotte, les galères de Genséric les assaillirent avec un courage mesuré et discipliné; et beaucoup de Romains qui échappèrent à la furie des flammes, furent tués ou capturés par les Vandales victorieux... Après la défaite de cette grande expédition, Genséric redevint le tyran de la mer; les côtes dItalie, de Grèce et dAsie furent à nouveau exposées à sa vengeance et à son avarice; Tripoli et la Sardaigne lui obéirent à nouveau; il ajouta la Sicile à ses nombreuses provinces; et avant de mourir, dans la plénitude des années et de la gloire, il contempla lextinction finale de lempire dOccident.»
Concernant la part importante que cet audacieux corsaire joua dans la chute de Rome, Gibbon utilise le langage suivant: «Genséric, un nom qui, dans la destruction de lempire romain, méritait un rang égal aux noms dAlaric et Attila.»
VERS. 10, 11: «10 Le troisième sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. 11 Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux furent changé en absinthe, et beaucoup dhommes moururent par les eaux, parce quelles étaient devenues amères.»
La troisième trompette.--Par linterprétation et lapplication de ce passage, nous arrivons au troisième événement important qui a pour résultat la subversion de lempire romain. Dans lexposé de laccomplissement historique de cette troisième trompette nous reconnaissons notre dette envers les notes dAlbert Barnes pour quelques extraits. Comme le dit ce commentateur, pour expliquer ce passage, il est nécessaire «quil y ait un capitaine ou un guerrier qui puisse se comparer à un météore ardent; dont la course soit particulièrement brillante; qui apparaisse soudainement, comme une étoile filante, pour disparaître ensuite comme une étoile dont la lumière séteint dans les eaux; que la course dévastatrice de ce météore touche de grandes parties du monde où abondent les sources et les cours deau; quil se produise un effet comme si ces rivières et ces fontaines devenaient amères; cest-à-dire que beaucoup de personnes meurent, et que les grandes désolations soient causées par la proximité de ces fleuves et de ces cours deaux, comme si une étoile amère et funeste était tombée dans les eaux, et que la mort se soit propagée sur les terre adjacentes quelles arrosent.»
En principe, il est admis que cette trompette fait allusion aux guerres désastreuses et aux invasions furieuses quAttila, roi des Huns, mena contre le pouvoir romain. En parlant de ce guerrier, et plus particulièrement de son apparence personnelle, Barnes dit:
«Son apparence ressemblait beaucoup à un brillant météore qui scintille dans le ciel. Il vint dOrient avec ses Huns, et il les déversa soudainement sur lempire, comme nous le verrons, avec la rapidité dun météore scintillant. Il se considérait comme consacré à Mars, le dieu de la guerre, et il avait lhabitude de se parer dune façon voyante et singulière, afin que son apparence, en accord avec le langage de ses adulateurs, suffise à éblouir ceux qui le regardaient.»
En parlant de la localisation des événements prédits par cette trompette, Barnes a noté:
«On dit surtout, que leffet allait toucher les fleuves et les sources deau. Que ceci ait une application littérale, ou si, comme nous le supposons dans le cas de la seconde trompette, le langage utilisé se rapporte à la partie de lempire qui serait particulièrement affectée par une invasion hostile, alors nous pouvons supposer quil sagit des régions de lempire où les cours deau et les sources, et plus particulièrement où naissent les rivières et les ruisseaux car leffet était permanent sur les sources deaux. En fait, les principales actions dAttila avaient eu lieu dans les Alpes, et dans ces parties de lempire doù les fleuves descendent vers lItalie. Gibbon décrit ainsi de façon générale linvasion dAttila: Toute la largeur de lEurope, qui sétend sur plus de huit cents kilomètres depuis lEuxine jusquà lAdriatique, fut envahie en une seule fois, occupée et dévastée par les myriades de barbares quAttila conduisit dans la campagne.»
Le nom de létoile est «Absinthe».--Le mot «absinthe» indique quelque chose aux conséquences amères. «Ces mots, qui sont en relation étroite avec le verset antérieur,... nous rappellent ... le caractère dAttila, la misère dont il fut lauteur ou linstrument et la terreur que son nom inspirait.
«Extirpation totale et anéantissementsont les termes qui définissent le mieux les calamités quil infligeait...
«Attila se réjouissait de ce que lherbe ne repousserait pas là où son cheval était passé. Le fléau de Dieu était le nom quil sétait attribué, et quil incluait parmi ses titres royaux. Lempereur doccident, le sénat et le peuple de Rome, tentèrent dapaiser la colère dAttila, avec crainte et humilité. Et le dernier paragraphe des chapitres qui traitent de son histoire, sintitule symptômes de la décadence et de la ruine du gouvernement romain. Le nom de létoile était Absinthe.»
VERS. 12: «Le quatrième sonna de la trompette. Et le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le tiers en fût obscurci, et que le jour perdît un tiers de sa clarté, et la nuit de même.»
La quatrième trompette.--Nous comprenons que cette trompette symbolise la carrière dOdoacre, le premier barbare qui gouverna lItalie et qui fut en relation étroite avec la chute de la Rome occidentale. Les noms du soleil, de la lune et des étoiles qui sont ici sans aucun doute utilisés symboliquement- désignent évidemment les grands luminaires du gouvernement romain: ses empereurs, ses sénateurs et ses consuls. Le dernier empereur de la Rome occidentale, fut Romulus, celui quon appelait Augustule par dérision, cest-à-dire le «petit Auguste». La Rome occidentale tomba en 476. Cependant, bien que le soleil romain séteignit, ses luminaires subordonnés brillèrent faiblement pendant que le sénat et les consuls subsistaient. Mais après de nombreux revers civils et les changements de fortune politique, à la fin, toute la forme de lancien gouvernement fut bouleversée, et Rome elle-même, qui était limpératrice du monde, se vit réduite à la condition dun pauvre duché tributaire de lExarchat de Ravenne.
Lextinction de lempire occidental est ainsi décrite par Gibbon:
«Linfortuné Augustule fut linstrument de sa propre disgrâce: il présenta sa démission du sénat; et cette assemblée, dans un dernier acte dobéissance à un prince romain, affecta encore lesprit de liberté et les formes de la constitution. Par décret unanime, il envoya un décret à lempereur Zénon, le beau-fils et successeur de Léon, récemment restauré sur le trône byzantin, après une courte rébellion. Ils [les sénateurs] nièrent solennellement la nécessité, ou même le désir de poursuivre plus longtemps la succession impériale en Italie; car, daprès eux, la majesté dun seul monarque suffit à dominer et à protéger lOrient comme lOccident. En leurs propres noms et en celui du peuple, ils consentirent à transférer le siège de lempire universel de Rome à Constantinople; et ils renoncèrent vilement au droit délire leur seigneur, seul vestige qui leur restait encore de lautorité qui avait donnée les lois au monde.»
Alexander Keith commente la chute de Rome de la façon suivante:
«Le pouvoir et la gloire de Rome séteignit en tant que dominatrice de tout autre nation. Seul le nom restait à la reine des nations. Tout insigne de la royauté disparut de la ville impériale. Celle qui avait gouverné les nations était assise dans la poussière, comme une seconde Babylone, et il ny avait pas de trône où les Césars avaient régné. Le dernier acte dobéissance à un prince romain quexécuta cette assemblée autrefois auguste, fut lacceptation de la démission du dernier empereur dOccident, et labolition de la succession impériale en Italie. Le soleil de Rome avait été frappé...
«Un nouveau conquérant de lItalie, lOstrogoth Théodoric, se leva rapidement, assuma sans aucun scrupule la pourpre royale et régna par droit de conquête. La royauté de Théodoric fut proclamée par les Goths ( le 5 Mars 493), avec le consentement tardif, adverse et ambigu de lempereur dOrient. Le pouvoir impérial romain, duquel Rome ou Constantinople avait été le siège, conjointement ou séparément, en Orient ou en Occident, ne fut déjà plus reconnu en Italie, et la troisième partie du soleil fut frappée au point de ne plus pouvoir émettre même les plus faibles rayons. Le pouvoir des Césars nétait déjà plus connu en Italie; et un roi Goth régnait sur Rome.
«Mais bien que le tiers du soleil fut frappé, et que le pouvoir de la Rome impérial cessa dexister dans la ville des Césars, la lune et les étoiles continuèrent à briller pour un peu de temps encore dans la partie [impériale] occidentale, même au milieu des ténèbres Gothes. Le consul et le sénat [la lune et les étoiles] ne furent pas abolis par Théodoric. Un historien Goth applaudit le consulat de Théodoric comme lapogée de tout pouvoir et de toute grandeur temporels, telle la lune qui règne la nuit, après le coucher du soleil. Et au lieu dabolir cette charge, Théodoric lui-même félicita ces favoris annuels de la fortune qui, sans les soins du trône, jouissaient de sa splendeur.
«Mais, selon la prophétie, le consulat et le sénat de Rome arrivèrent à leur fin, bien quils ne tombèrent pas par les mains des Vandales ni des Goths. La révolution suivante que souffrit lItalie fut sa soumission à Bélisaire, le général de Justinien, empereur de lOrient. Il ne pardonna pas ce que les barbares avaient consacré. Le consulat romain anéanti par Justinien en 541 est le titre du dernier paragraphe du chapitre 40 de lhistoire de la décadence et de la chute de Rome, par Gibbon. La succession des consuls cessa finalement la treizième année de Justinien, dont le tempérament despotique pouvait apprécier lextinction silencieuse dun titre qui rappelait aux Romains leur ancienne liberté. Le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles. Dans le firmament politique du monde antique, tandis que le royaume de la Rome impériale subsistait, le titre dempereur, le consulat et le sénat brillèrent comme le soleil, la lune et les étoiles. Lhistoire de leur décadence et de leur chute arrive jusquau moment où les deux premiers [lempereur et le consulat] séteignirent, en référence à Rome et à lItalie, qui durant si longtemps avaient été la première des villes et le premier des pays; et finalement, quand la quatrième trompette sachève, nous voyons lextinction de cette illustre assemblée, le sénat romain. La ville qui avait régit le monde fut, comme une moquerie infligée à la grandeur humaine, conquise par leunuque Narsès, successeur de Bélisaire. Il mit les Goths en déroute (552 ), réussit la conquête de Rome, et le sort du sénat fut scellé.»
E. B. Elliott parle, comme suit, de laccomplissement de cette partie de la prophétie dans lextinction de lempire dOccident:
«Ainsi, fut préparée la catastrophe finale, par laquelle, les empereurs occidentaux et leur empire devaient séteindre. Il y avait longtemps que la gloire de Rome faisait défaut; leurs provinces leur avaient été arrachées les unes après les autres; le territoire qui leur restait encore était devenu désert; et leurs possessions maritimes, leurs flottes et leur commerce avaient été anéantis. Il leur restait peu de chose en dehors des titres vains et des insignes de la souveraineté. Et maintenant, le moment était venu, où même ceux-ci allaient leur être enlevés. Quelque vingt ans après la mort dAttila, et beaucoup moins depuis la mort de Genséric (qui avait visité et mis à sac, peu de temps avant sa mort, la ville éternelle dans une de ses expéditions maritime, et avait préparé ainsi un peu plus le chemin de la consommation à venir), plus ou moins à cette époque, dis-je, Odoacre, chef des Hérules, un reste barbare de larmée dAttila laissé aux frontières alpines dItalie, sinterposa avec lordre que le nom et la charge dempereur romain dOccident soient abolis. Les autorités sinclinèrent devant lui en signe de soumission. Le dernier fantôme dun empereur dont le nom, Romulus Augustule, se prêtait singulièrement pour quun esprit réfléchi mette en contraste les gloires passées de Rome et sa dégradation présente- abdiqua; le sénat remit les insignes impériaux à Constantinople, et déclara à lempereur dOrient quun empereur suffisait pour tout lempire. Cest ainsi que la troisième partie du soleil impérial fut éclipsée, celle qui appartenait à lempire dOccident, et il ne resplendissait déjà plus. Je dis quun tiers de ce monde appartenait à lempire occidental, parce que la fraction apocalyptique est littéralement exacte. Dans le dernier arrangement entre les deux cours [orientale et occidentale], tout le tiers de lIllyrie avait été transféré à la division orientale. De façon quen Occident lextinction de lempire avait eu lieu; la nuit était venue.
«Malgré cela, il faut se rappeler que lautorité du nom romain navait pas cessé complètement. Le sénat de Rome continuait à se réunir comme dhabitude. Les consuls étaient nommés chaque année, un par lempereur oriental, et lautre par lItalie et Rome. Odoacre lui-même gouverna lItalie sous un titre (celui de patrice) que lui conféra lempereur dOrient. Quant à ce qui se réfère aux provinces occidentales les plus éloignées, ou du moins les territoires les plus considérables parmi eux, le lien qui les unissait à lempire romain ne fut pas coupé totalement. Il existait toujours une certaine reconnaissance, bien que faible, de lautorité suprême impériale. La lune et les étoiles paraissaient réfléchir encore une faible lumière en Occident. Mais, avec le passage des événements qui se succédèrent rapidement pendant le demi siècle suivant, elles aussi séteignirent. Théodoric lOstrogoth, après avoir détruit les Hérules et leur royaume de Rome et Ravenne, régna en Italie de 493 à 526 en tant que souverain indépendant; et après la conquête dItalie par Bélisaire et Narsès, quand ils vainquirent les Ostrogoths (conquête précédée de guerres et de désolations qui laissèrent le pays presque désert, surtout la ville au sept collines), le sénat romain fut dissout et le consulat abrogé. De plus, les princes barbares des provinces occidentales, leur indépendance du pouvoir impérial saffermissait et était comprise plus distinctement. Après un siècle et demi de calamités presque sans pareil dans lhistoire des nations, comme lindique correctement le Dr. Robertson, la déclaration de Jérôme, presque calquée de limage apocalyptique, mais prononcée prématurément quand Alaric prit Rome pour la première fois, peut être finalement considérée comme accomplie.: Calrissimum terrarum lumen extinctum est, Le soleil glorieux du monde sest éteint; ou comme la exprimé le poète moderne, toujours sous linfluence des images apocalyptiques Étoile par Étoile, je vis expirer leur gloire, jusquà ce quil ne reste pas même une étoile qui scintille dans la nuit obscure et vide.»
Les effrayants ravages commis par ces hordes barbares, sous leurs chefs courageux mais cruels et acharnés, dévastèrent Rome. Cependant, les calamités que souffrit lempire sous les premières incursions de ces barbares furent légères en comparaison de celles qui allaient suivre. Elles nétaient que les gouttes préliminaires dune pluie torrentielle qui allait bientôt tomber sur le monde romain. Les trois trompettes qui restaient arrivaient couvertes dun nuage de disgrâce, selon ce qui est indiqué dans les versets suivants.
VERS. 13: «Je regardai, et jentendis un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant dune voix forte: Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause des autres sons de la trompette des trois anges qui vont sonner!»
Cet ange nappartient pas à la série des sept qui ont les trompettes, mais il est simplement un autre messager céleste chargé de proclamer que les trois trompettes restantes annoncent des malheurs dus aux événements les plus terribles qui doivent se produire pendant quelles jouent. De manière que la trompette suivante, ou cinquième, est le premier malheur: la sixième, le second malheur; la septième, la dernière des trompettes, est le troisième malheur.
Les Prophéties de Daniel et lApocalypse by Uriah Smith (Copyright 1999-2001) is electronically published with the generous permission of the translator. The French text, which is a translation of the official 1944 English edition of The Prophecies of Daniel and the Revelation by Uriah Smith, was supplied in HTML format. It was reformatted by the curator (who is not the translator) of the Seventh-day Adventist Bible Prophecy Books (http://ourworld.compuserve.com/homepages/clt4) Internet site
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